Comment se fabrique le reportage d’une naissance? Entrons dans les coulisses….
Le résultat des images réalisées pendant la naissance est proche du conte et n’a rien à voir avec du documentaire. Voyons en détail comment il se fabrique…
ETAPE 1 : SUR LE TERRAIN

Pendant la naissance, je suis présente en salle d’accouchement au même titre qu’un membre de l’équipe médical. Je me tiens à distance pour ne jamais déranger. Je m’approche, plutôt dans la sphère du médecin, laissant ainsi à la maman son plein champ de rayonnement. Par expérience, je connais les instants à immortaliser. J’anticipe le résultat dés le moment de la prise de vue. C’est ainsi que, dans la plus grande discrétion, je saisis les moments clés de l’arrivée de bébé. Mais la prise de vue, le terrain, n’est que la première étape d’un reportage réussi. Vient ensuite le moment de choisir les meilleures images.
ETAPE 2 : GARDER LES PEPITES

Un premier casse-tête est le choix des meilleures photos. Pourquoi celle-là plus qu’une autre ? Plusieurs critères me guident. Je suis attentive à la préciosité du moment que contient l’image mais également à la beauté d’un visage, d’une expression. Ce sont les gestes doux, un regard tendre, un sourire, qui me pousseront à conserver une images plus qu’une autre. Ensuite, mes habitudes professionnelles et mon exigence esthétique me font privilégier les images joliment exposées, cadrées et contrastées. Je cherche les pépites. Sur les 150 à 300 photos réalisées sur le terrain, seules entre 40 et 80 seront sélectionnées. Les images conservées doivent raconter l’histoire de la naissance de façon cohérente, depuis les derniers moments de la maman en travail jusqu’à la mise au sein en passant par la sortie et l’accueil de bébé. Cette sélection des images est déterminante car la narration s’appuie sur ce choix. Il m’arrive de conserver plusieurs images qui se ressemblent car l’expression des visages changent. Et chacun est seul juge de ce qui est sa meilleure expression. J’aime donner le choix aux parents. Vient ensuite le moment de la transformation.
ETAPE 3 : SUBLIMER

La photographie « prise sur le vif » va se transformer en une image de conte.
Chacune des photographies sélectionnées sera retravaillée avec attention et application. Rien à voir avec les trucages grossiers qui peuvent dénaturer une photo que l’on voit un peu partout. Ici, c’est un travail d’artiste qui s’opère. Par des touches subtiles et des variations discrètes, l’image va quitter son aspect brut pour devenir la représentation d’une émotion pure et unique. Avec de la délicatesse et une pointe de poésie. Mais pour ce rendu, il faut recourir à une travail technique. Ainsi les lumières sont mises à niveaux, les teintes sont adoucies, les couleurs rééquilibrées, les contrastes améliorés, les cadrages rectifiés. Cette étape équivaut aux finitions minutieuses d’un artisan soignant son ouvrage ou d’un jardinier prenant soin de jeunes pousses. Un peu comme le fabriquant d’huile essentielle qui, à partir d’une plante brute, va extraire l’essence. Car c’est cette essence qui a le pouvoir de guérison et de bien-être.
L’image a un pouvoir puissant sur le cerveau. Il est essentiel de nourrir l’imaginaire d’images positives, authentiques et réconfortantes. C’est cette alchimie que je recherche. De belles images pendant la naissance peuvent avoir un pouvoir de révélation, de transformation.
ETAPE 4 : PARTAGER
14 jours après la naissance, les parents reçoivent une galerie composée des instants les plus touchants de l’aventure de la naissance. Ces images sont un support pour se reconnecter à ce moment unique. Grâce aux images, les souvenirs remontent à la surface, le coeur et la parole du père comme de la mère se libèrent, les émotions redeviennent perceptibles. Une nouvelle compréhension de la naissance et du moment de l’accouchement émergent et certains blocages peuvent se libérer.
Pour l’enfant, ce reportage sera une mémoire, un patrimoine. Si le besoin se fait sentir, l’enfant aura un outil pour se reconnecter au moment de sa naissance.
C’est tout cela un reportage de naissance. Et ce n’est pas rien. C’est le fruit d’une grande expérience, de beaucoup de travail et d’une sensibilité particulière.